Comment devenir accompagnateur VAE ?

Etre accompagnateur VAE, ça ne s’improvise pas !

L’accès aux certifications par la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) existe depuis la loi de modernisation sociale de 2002. Les gouvernements successifs n’ont eu de cesse d’encourager ce dispositif qui peine à séduire les candidats. La loi “Marché du Travail” votée en décembre 2022 va dans ce sens en facilitant l’accès à la VAE et ouvre des opportunités à la fois pour les candidats potentiels mais aussi pour les organismes de formation. Or développer l’accompagnement VAE ne s’improvise pas tant du point de vue de la qualité de la prestation que des compétences de l’accompagnateur VAE. Sandra Mercier et Karine Vincent, accompagnatrices VAE à l’IFEAP vous proposent de partager leur expérience et les points de vigilance sur le sujet. 

 

Démocratiser la VAE, une ambition portée par les pouvoirs publics 

Afin de simplifier l’accès et de populariser la VAE, les pouvoirs publics ont voté une série de mesures visant à réformer le dispositif. Ces mesures s’intègrent à la nouvelle loi n° 2022-1598, dite Marché du Travail, du 21 décembre 2022. Selon les chiffres de Centre Inffo, “en 2020, 42 000 candidats ont déposé un dossier, soit 25 % de moins qu’en 2019. Et près de 30 000 se sont finalement présentés devant un jury”.  

Face à ce constat, la réforme ambitionne de tripler le nombre de certifications obtenues annuellement par la voie de la VAE d’ici 2027. Dans ce sens, 6 mesures ont été votées pour faciliter et fluidifier l’accès à la VAE. Au jour de la rédaction de cet article, les mises en applications restent à préciser. 

  • Accès universel à la VAE : justification d’une expérience professionnelle ou non, quelle que soit sa durée, ayant permis au candidat d’acquérir les compétences requises pour l’obtention de la certification 
  • Acquisition par blocs de compétences : validation possible de tout ou partie d’une certification (un ou plusieurs blocs de compétences)
  • Allongement de la durée du congé de VAE : la durée du congé VAE passe de 24h à 48h
  • Dispositifs « Transitions Pro » : ces dispositifs deviennent mobilisables pour la VAE
  • Création d’un service public de la VAE : ce service permettra d’orienter et accompagner toute personne souhaitant se renseigner ou candidater à la validation des acquis de son expérience professionnelle.
  • Renforcement de l’accompagnement : afin de lever les freins sur la phase de recevabilité, mieux orienter les candidats et renforcer la prévention des abandons dans la suite du parcours, l’accompagnement VAE pourra être financé dès la phase de rédaction du dossier de recevabilité. 

Dans ce contexte, les organismes de formation peuvent voir une opportunité à développer l’accompagnement VAE qui est un marché potentiellement ouvert. En effet, en décembre 2021 (source data.gouv.fr, liste public des organismes de formation L.6351-7-1 du Code du Travail), 6 % des organismes de formations certifiés Qualiopi pour les actions de formation l’étaient aussi pour la mention VAE. 

Plus que jamais, le rôle de l’accompagnateur VAE et la qualité de sa prestation d’accompagnement sont à interroger et à renforcer. 

 

Qu’est que la VAE concrètement ?  

L’article 900.1 du code du travail stipule que “Toute personne engagée dans la vie active est en droit de faire valider les acquis de son expérience, notamment professionnelle, en vue de l’acquisition d’un diplôme, d’un titre à finalité professionnelle ou d’un certificat de qualification figurant sur une liste établie par la commission paritaire nationale de l’emploi d’une branche professionnelle, enregistrés dans le répertoire national des certifications professionnelles visé à l’article L. 335-6 du code de l’éducation”. 

 

Tout comme la formation, la VAE permet d’accéder à une certification professionnelle, dès lors qu’elle est inscrite au répertoire national de la certification professionnelle (RNCP). L’ensemble de ces certifications sont accessibles via le site www.francecompetences.fr  

La plupart des certifications professionnelles sont accessibles par la voie de la VAE. Néanmoins, chaque candidat est invité à le vérifier sur le site de France compétences. Les voies d’accès y sont présentées.  

 

La démarche de VAE se construit en plusieurs étapes :  

  • Choisir la certification qui correspond le mieux à ses expériences (actuelles et antérieures) 
  • Rédiger et déposer une demande de recevabilité 
  • Produire et déposer un dossier rédactionnel présentant le candidat, son expérience en lien avec la certification visée et l’analyse de situations significatives qui permettront au candidat de démontrer ses compétences  
  • Se présenter devant le jury VAE pour l’oral de certification   

S’engager dans une VAE nécessite de bien intégrer les attendus d’un point de vue méthodologique pour le candidat. Certains d’entre eux peuvent se trouver en difficultés dans cet exercice. Les accompagnements VAE que nous avons réalisés nous ont permis d’en identifier plusieurs. Voici quelques exemples de ce que n’est pas la VAE :  

  • L’écriture d’un dossier VAE se distingue de l’écriture d’un mémoire universitaire. En effet, la certification visée s’appuie sur l’expérience du candidat. Ce dernier doit donc démontrer ses compétences telles qu’il les met en œuvre dans son quotidien professionnel. Des éléments théoriques sont bien sûr attendus mais ils doivent nourrir le geste métier mis en œuvre et non répondre à une restitution de connaissances stricte.  
  • Certains candidats expriment des fragilités sur certaines compétences mais souhaitent néanmoins s’engager en VAE pensant que cette voie leur permettra de compenser les creux en compétences. Un constat s’impose : la VAE ne permet pas de combler un manque de compétences, contrairement à la formation !  

A noter que la réforme de la VAE, telle qu’elle est envisagée, devrait permettre de mixer les 2 modalités à savoir, VAE et formation, par l’acquisition de blocs de compétences, ce qui n’était pas possible jusqu’alors.  

  • La VAE nécessite une certaine confiance en soi et en l’expérience vécue. Certains candidats souhaitent s’engager en VAE mais revendiquent de compléter cette démarche avec des stages dans d’autres structures que la leur. La VAE n’ouvre pas cette possibilité. La VAE s’appuie sur des expériences passées ou en cours. Elle est envisageable dès lors que le candidat présume de l’acquisition empirique des compétences du référentiel de certification.  
  • La VAE n’est pas un récit de vie. Bien que les situations vécues choisies soient significatives au regard de la certification visée, au-delà de leurs descriptions, la VAE engage le candidat dans une analyse de ces dernières pour mettre en lumière ses compétences.  

L’accompagnateur VAE, un expert de la compétence  

L’accompagnateur VAE est un expert de la compétence. Il est en mesure d’identifier ce qui est de l’ordre des savoirs, savoir-faire et savoir être dans ce qu’exprime la personne qu’il accompagne. En outre la didactique professionnelle l’éclaire et le guide dans son accompagnement. 

Il utilise les outils de cette dernière pour faire verbaliser et ensuite écrire le candidat sur ses situations vécues. La méthode d’explicitation de pratique développée par Pierre Vermesch en est un particulièrement efficace. Cette méthode nécessite, pour l’accompagnateur VAE, d’adopter une posture d’écoute active et de non-jugement tout en étant celui qui va aller chercher la personne dans ses retranchements par des questionnements sur le qui, quoi, comment, pour quoi et l’évaluation de sa propre action. 

Par les techniques qu’il utilise, l’accompagnateur va aider la personne à tirer un fil qui va lui permettre de mettre en exergue les différentes compétences qu’elle met en jeu dans une situation. 

Dans sa posture, l’accompagnateur VAE avance à côté de la personne candidate à la certification. Son rôle est de la guider et de garantir sa motivation à travers la mise en œuvre d’un cadre sécurisant et encourageant pour aller au bout de la démarche. 

Toutefois cette guidance a ses limites. L’accompagnateur VAE doit avoir conscience que l’entière responsabilité vers la certification reste au candidat. L’accompagnateur VAE ne peut pas ou ne doit pas faire à la place de…  

Il a une obligation de moyens pour l’accompagnement, la garantie de la motivation et de l’engagement du candidat, mais il n’a pas une obligation de résultats.  

Par ailleurs c’est bien le candidat qui présente au certificateur son dossier rédactionnel et qui se présente devant le jury. La décision de ce dernier n’est pas de la responsabilité de l’accompagnateur VAE. 

 

Un cadre et un contrat moral entre candidat et accompagnateur nécessaire  

L’accompagnement VAE, tout comme la formation, nécessite une contractualisation administrative sous la forme d’un contrat ou d’une convention VAE.  

Au-delà de ces formalités, l’accompagnement VAE impose un engagement moral des parties, au travers d’une charte éthique et déontologique. Cette charte permet de fixer le cadre de l’accompagnement et engage les parties. Posée en concertation avec le candidat, elle fixe les conditions de l’accompagnement VAE et garantit le succès de la démarche engagée. Les principes fondateurs de cette charte sont : bienveillance, confiance, confidentialité, non jugement et respect des engagements de chacun. 

En VAE, c’est bien le candidat qui est maître de la démarche. Il doit donc fixer le rythme et les temps privilégiés au cours desquels il va pouvoir rédiger son dossier. L’accompagnateur VAE peut bien sûr le guider dans l’élaboration de sa progression mais il doit in fine, s’engager dans sa VAE à travers un planning qu’il se fixe, en concertation avec son accompagnateur. Ce dernier rythme les travaux et permet de soutenir la motivation et l’engagement du candidat. L’accompagnateur VAE en est le garant et s’appuie sur ce planning pour permettre au candidat de progresser à son rythme.  

 

Qualiopi mention VAE  pourquoi ?   

Le cadre réglementaire de la certification Qualiopi prévoit des mentions distinctes entre la formation et la VAE. En effet, si d’un point de vue qualité de la prestation, beaucoup de choses sont communes entre la réalisation de prestations de formation et de l’accompagnement VAE, il existe aussi des différences et subtilités à ne pas négliger.  

Il est très fréquent que les candidats à une VAE aient recours au financement de leur accompagnement via leur CPF. Par ailleurs, si c’est l’employeur qui finance cet accompagnement VAE, il n’est pas exclu que l’OPCO assure le financement de ces accompagnements.  

C’est pourquoi l’accompagnateur VAE est dans l’obligation de respecter les attendus du référentiel national Qualiopi mention VAE. Soit l’organisme de formation auquel il est rattaché détient la certification Qualiopi mention VAE, soit l’accompagnateur est sous-traitant d’un organisme ayant la mention VAE. 

 Les différences notable du cahier des charges Qualiopi entre formation et accompagnement VAE portent sur les points suivants :  

L’individualisation est renforcée dans l’accompagnement VAE. L’analyse du besoin, le cadre donné à l’accompagnement VAE seront d’autant plus des points de vigilance pour l’auditeur en termes de qualité : cadre contractuel, cadre éthique, cadre temporel, engagements respectifs de l’accompagnateur et du bénéficiaire, modalité pour veiller au respect des engagements… 

L’auditeur sera également attentif à la manière dont l’accompagnateur VAE réalise son reporting dans le suivi des bénéficiaires. Plus que jamais il est nécessaire de tenir à jour un tableau de bord de suivi des candidats dans les différentes étapes du processus. Par ailleurs, il est indispensable de garder trace des échanges directs et indirects avec le bénéficiaire. 

Pour chaque indicateur concerné par la mention VAE, il est indispensable de se poser les questions suivantes : 

  • Comment concrètement je procède aujourd’hui pour répondre aux exigences de l’indicateur ? 
  • Quels sont les outils de suivi et de reporting à ma disposition ou à créer ? 
  • Comment je prévois de garder trace des éléments de preuve ?  

 

Au travers ces quelques lignes vous aurez compris la complexité de l’accompagnement VAE et la nécessité de questionner sa pratique et sa posture au regard des éléments décrits dans cet article, que vous soyez déjà accompagnateur ou que vous envisagiez de le devenir. 

Pour ceux et celles qui auraient besoin d’aller plus loin, l’IFEAP propose une formation “Devenir accompagnateur VAE”, n’hésitez pas à consulter notre offre. 

 

Article rédigé par :
Notre équipe 30
MERCIER Sandra
Formatrice, accompagnatrice VAE IFEAP 
sandra.mercier@ifeap.cneap.fr
02 41 25 78 11
Notre équipe 10
VINCENT Karine
Formatrice, accompagnatrice VAE et responsable Qualité IFEAP 
karine.vincent@ifeap.cneap.fr
02 41 25 78 12